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mardi 23 avril 2024

Commission de la mémoire franco-québécoise

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Molière

memoires vives

Les sœurs de Boisandré

 

Filles du Roy de Basse-Normandie
Danielle Lecampion
Chercheure bénévole pour la CFQLMC


Au XVIIe siècle, la province de Normandie comprenait les régions actuelles de Basse et Haute Normandie, à l'exception du Sud-Est de l'Orne qui faisait partie de la province du Perche.


Pour les trois départements bas-normands actuels, il a été recensé vingt Filles du Roy : dix dans le Calvados, six dans la Manche et quatre dans l'Orne. Parmi elles, les sœurs Catherine et Jeanne-Claude de BOISANDRÉ de la paroisse Saint-Jean de la ville de Caen.

Catherine est celle qui nous intéresse particulièrement aujourd'hui puisqu'elle fait partie du premier contingent de Filles du Roy qui arrive à Québec le 22 septembre 1663 à bord de « l'Aigle d'Or ». Elle est née vers 1643. Elle est la fille de Jacques de Boisandré, sieur de l'Ormelée, écuyer, et de Marie de Vierville ou de Vieuville.

Le 7 octobre 1663, elle passe un contrat de mariage avec Marc-Antoine GOBELIN de Cinq-Mars chez le notaire Pierre Duquet. La cérémonie religieuse a lieu le 20 octobre suivant, célébrée par Henry de Bernières, curé de la paroisse Notre-Dame de Québec. Il est aussi originaire de la ville de Caen et arrivé en juin 1659 avec Mgr de Laval. Marc-Antoine est originaire de Savignies dans l'Oise.


Le couple s'établit à Saint-Laurent-de-l'Île-d'Orléans et n'aura pas d'enfant. Catherine apporte des biens estimés à 300 livres. Elle est rejointe en 1667 par sa sœur et ses neveux Noël et Joseph Rancourt.


Catherine décède le 15 février 1685 à Saint-Laurent. Marc-Antoine se remarie le 21 janvier 1692 avec Françoise Chapelain qui lui donnera deux fils. Il décède le 12 octobre 1699.

La sœur de Catherine, Jeanne-Claude, née vers 1635, épouse Pierre Rancourt vers 1654 à Caen. Deux enfants naissent de cette union : Noël et Joseph. Devenue veuve, elle rejoint sa sœur en Nouvelle-France. Elle arrive à Québec le 25 septembre 1667 avec ses fils.

Le 31 octobre 1667, elle épouse Louis Lachaise, à Québec, après avoir passé un contrat de mariage la veille chez le notaire Pierre Duquet. Pas d'enfant.

Le 15 janvier 1668, elle passe un nouveau contrat de mariage avec Jean LETOURNEAU chez le notaire Claude Aubert. Jean, habitant à L'Ile d'Orléans et tailleur d'habits, est né en 1639 à Amboise, en Indre-et-Loire.  Le couple s'établit à Saint-Laurent-de-l'île-d'Orléans et n'aura pas d'enfant.

Ces informations ont été relevées dans les livres écrits par les Québécois Emile Vaillancourt (La conquête du Canada par les Normands) et Yves Landry (Les Filles du Roy) et sur des sites Internet car aux Archives Départementales du Calvados, les registres B-M-S de la paroisse Saint-Jean débutent en 1669 pour les B-M et en 1668 pour les sépultures.

D'autre part, la famille de Boisandré n'apparaît pas dans les archives notariales répertoriées. Un contrat de mariage des parents et/ou un inventaire après le décès de Jacques de Boisandré nous auraient fourni de précieuses informations. L'acte de décès avant 1667 de Pierre Rancourt n'a pas été retrouvé.

Une mauvaise conservation des archives, les troubles de la Révolution, puis les bombardements importants de juin et juillet 1944 sont à l'origine de l'absence des documents.

Concernant le départ de Catherine en 1663

Cette année-là, Mgr de Laval repart à Québec avec Augustin Saffrey de Mésy, gouverneur de la ville et du château de Caen et nouveau gouverneur de la Nouvelle-France en remplacement de M. Davaugour rappelé en France par Louis XIV.

Avant sa nomination au Canada en 1659, Mgr de Laval a séjourné à l'Ermitage à Caen. C'était un établissement fondé en 1646 par Jean de Bernières près du couvent des Ursulines. Les pensionnaires y vivaient une vie spirituelle intense. L'Ermitage était fortement lié à la Compagnie du Saint-Sacrement.

Le couvent des Ursulines a été construit par Jourdaine de Bernières, sœur de Jean, pour l'enseignement gratuit de jeunes filles de la classe indigente.

Ces deux établissements occupaient tout l'espace entre la rue Surger et la rue Frémentel dans le quartier Saint-Jean où habitait la famille de Boisandré.
On peut penser qu'après le décès de son père, Catherine a été placée au couvent des Ursulines proche du domicile familial, et qu'ainsi elle a pu être « recrutée » pour partir en Nouvelle France.

Sources :

  • Archives départementales du Calvados
  • Cercle de généalogie du Calvados
  • L'histoire des rues de Caen  par Edouard et Régis Tribouillard
  • Henri de Bernières, premier curé de Québec par l'Abbé Auguste Gosselin
champlain vague