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L’héritage
de Champlain dans le Nord-Est américain toujours bien
vivant
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La Franco-Américanie du Nord-Est américain,
en dépit des pertes subies depuis la Deuxième
guerre mondiale, tient à participer aux fêtes prévues
pour 2008.
Avant d’aller plus loin, il serait peut-être bon
de noter le fait que les Franco-Américains avaient réussi,
au cours des années, à mettre en place 427 paroisses
et 264 écoles où le français était
à l’honneur. Lors des célébrations
marquant le Centenaire franco-américain qui eurent lieu
à Worcester, Mass. en 1949, les Franco-Américains
pouvaient se targuer de leurs quatorze journaux de langue française
publiés dans les villes dites franco-américaines,
en raison du grand nombre de Franco-Américains qui y
demeuraient, telles Fall River, Holyoke, Lewiston, Lowell, Manchester,
Woonsocket, etc.
De nos jours, les sociétés de secours mutuel continuent
à œuvrer de diverses manières à maintenir
et à encourager des manifestations culturelles et à
décerner des bourses pour l’étude du français.
Les Sociétés généalogiques sont
florissantes. Quelques universités américaines
manifestent leur intérêt pour le fait franco-américain
qui découle des études québécoises.
Claire Quintal fut invitée en avril dernier à
prononcer le discours de circonstance devant un groupe de professeurs
de français, Academic Women in French. Son sujet :
« Images de la femme franco-américaine d’autrefois,
d’hier et d’aujourd’hui à travers la
littérature franco-américaine ». La Boston
Public Library s’implique dans la mémoire du fait
français. Elle a récupéré vingt-quatre
cartes rares de la Nouvelle-France, volées par Forbes
Smiley III, mais malheureusement trente-six autres, dont une
de Champlain datant de 1613, restent à être retrouvées.
Il ne faut pas oublier non plus que la Société
historique franco-américaine, fondée en 1899 —
et qui recevait en 1949 la visite du Premier ministre du Canada,
le Très honorable Louis Saint-Laurent, au moment du cinquantenaire
de l’organisme — fit apposer une plaque à
l’aéroport de Boston pour commémorer les
explorations de Samuel de Champlain le long de la côte
de la Nouvelle-Angleterre au tout début du 17e
siècle.
Les États ne sont pas en reste non plus. L’État
de New-York conserve vivante la mémoire de la venue de
Champlain. En 1907, donc deux ans avant les fêtes commémoratives
du tricentenaire de la découverte et prise de possession
en 1609, au nom du roi de France, du lac qui porte le nom de
Champlain, F.-X. Chagnon, curé de la paroisse franco-américaine
l’Assomption de la ville de Champlain dans l’État
de New York avait fait ériger une statue de l’explorateur
à côté de son église. Dévoilée
le 4 juillet de l’année 1907, la statue porte l’inscription
suivante : « À la mémoire de Samuel
de Champlain, par les Franco-Américains, . . . Sa mémoire
est une inspiration qui nous porte vers le vrai, le bien et
le beau. . . . Comme notre patron Saint-Jean-Baptiste, il prépara
les voies sur ce continent ». F.-X. Chagnon, à
qui nous devons cet hommage à Champlain, vint au monde
à Verchères en 1842. Il fut très actif
dans les Conventions générales des Franco-Américains
tenues dans diverses villes des États-Unis de 1865 à
1901 afin d’unir entre eux les Franco-Américains
dispersés, non seulement à travers la Nouvelle-Angleterre,
mais aussi dans l’État de New-York et dans le Midwest.
Il a tant et si bien œuvré en faveur des siens qu’on
l’a surnommé le « Père des Conventions
générales ».
Au Massachusetts, on trouve dans le port de Chatham une stèle
commémorative sur laquelle est gravé un hommage
à Champlain. La ville de Chatham, Massachusetts, au Cap
Cod — là où Champlain mit pied à
terre en 1606 avec son équipage et d’où
il rebroussa chemin vers l’Ile Ste-Croix après
avoir exploré la côte de la Nouvelle-Angleterre
— vient de monter une exposition sur Champlain et les
Amérindiens Wampanoag qu’il y rencontra. L’exposition
eut lieu au Atwood House Museum du 10 juin au 15 octobre,
date du départ de Champlain de l’endroit. Le dépliant
de l’exposition décrit de façon détaillée
l’apport précieux de Champlain en ces mots :
« En dépit de son bref séjour sur cette
côte, Champlain nous laissa une description inestimable
des lieux. Ses journaux . . . décrivent de façon
détaillée ce qu’il vit et ce dont il a fait
l’expérience. Ses dessins, y compris des croquis
de plantes, de poissons, de navires, de villages et du peuple
[Wampanoag], aussi bien que des escarmouches, nous fournissent
un point de vue à travers lequel nous pouvons voir ce
qu’il a observé il y a longtemps. Les cartes et
les plans qu’il traça avec tant d’habileté
sont encore exacts aujourd’hui. Comme résultat
de ses vastes explorations et de ses activités, Champlain
nous fournit un document historique d’une immense valeur ».
Le jour de fermeture de l’exposition, le 15 octobre, une
gerbe, en son honneur, fut lancée à la mer en
présence des sommités de la ville.
Dans l’État du Maine récemment, le Maine
Coast Heritage Trust remettait à la tribu amérindienne
Passamaquoddy 5,5 acres de terrain où se trouvent Picture
Rocks qui contiennent, outre des pétroglyphes de chasseurs
et d’animaux, une représentation d’un grand
bateau qu’on croit être celui de Champlain, aperçu
par les autochtones lorsque celui-ci longea la côte en
1604.
Afin d’apporter la pierre franco-américaine à
l’édifice commémorant la fondation de Québec,
chaque État de la Nouvelle-Angleterre est en train de
mettre sur pied un comité représentatif. C’est
à l’Institut français de Assumption College
à Worcester qu’a eu lieu le 18 novembre dernier
une première réunion de concertation pour le Massachusetts.
Armand Chartier, auteur d’une Histoire des franco-américains,
vient de terminer une recherche en profondeur sur les lieux
du Midwest où les Français ont laissé leur
empreinte, ayant auparavant prospecté le sud-est du Massachusetts,
en collaboration avec Marcelle Fréchette. Claire Quintal
et Eugena Poulin ont terminé un manuscrit sur La
Gazette Françoise, publiée à Newport,
RI par les Français qui y ont séjourné
pendant onze mois, en 1780-1781, lors de la Guerre d’indépendance
américaine.
Une visite récente à Moosup, Connecticut, nous
révèle que les gens de cette petite ville n’oublient
guère le fait que le Bienheureux Frère André,
né Bessette, y travailla pendant trois ans avant d’entrer
au noviciat des religieux de la Congrégation Sainte-Croix.
Voilà la preuve, s’il en fallait une, que, contrairement
à la boutade attribuée à Sir Georges-Etienne
Cartier : « Laissez-les partir, c’est la canaille
qui s’en va », même les futurs bienheureux
participèrent à cette diaspora des Canadiens français
vers les États-Unis.
Claire Quintal
Directrice fondatrice émérite
de l’Institut français
de Assumption College, Worcester, MA
20 novembre 2006 |
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