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vendredi 29 mars 2024

Commission de la mémoire franco-québécoise

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Molière

memoires vives

Le Chien d’Or, une légende franco-québécoise

 

 

par Gilles Durand
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Présentation du conférencier

Le conférencier Jean-François Caron
Le conférencier Jean-François Caron
Crédit photo : Gilles Durand

Dans le cadre de ses conférences mensuelles, la Société historique de Québec donne la parole, le 2 mars 2010, à l’un de ses administrateurs, l’historien Jean-François Caron, pour faire le point sur une légende qui connaît plusieurs versions, la légende du Chien d’Or. La présentation à l’auditoire du conférencier, spécialisé dans l’histoire de la ville de Québec, est faite par l’historien Jean-Marie Lebel.

 

En quoi consiste la légende?1

La légende du Chien d’Or tire son origine du lien établi entre une plaque apposée sur l’édifice Louis-S.-Saint-Laurent, situé à l’angle de la Côte de la Montagne et de la rue De Buade (l’actuel passage du Chien-d’Or), et un meurtre survenu en janvier 1748.

 

La plaque en question, datée de 1736, présente un chien, gravé en bas-relief, tenant entre ses pattes un os qu’il ronge. Elle porte au bas une inscription affichant un esprit revanchard :

« Je suis un chien qui ronge l’o.

En le rongeant je prend mon repos.

Un tems viendra qui nest pas venu

Que je morderay qui m’aura mordu.»

 

La plaque aurait été apposée par Timothée Roussel, chirurgien originaire de Montpellier, sur sa résidence, construite en 1688 et vendue en 1734 au marchand Nicolas Jacquin dit Philibert, originaire de Martigny-les-Bains, département des Vosges, France2. La maison est démolie en 1869 pour faire place au bureau de poste, l’actuel édifice Louis-S.-Saint-Laurent, et la plaque est transférée sur le fronton du porche à colonnade du bâtiment inauguré en 1871.

 

La plaque avec encadrement avant 1871
La plaque avec encadrement avant 1871
Crédit : Projet Gutenberg Canada

 

Le lien entre l’assassinat de Jacquin dit Philibert et la plaque du Chien d’Or

L’assassinat du marchand Jacquin dit Philibert est survenu en janvier 1748. Il fait suite à une altercation entre l’officier des troupes de la Marine, Pierre-Jean-Baptiste-François-Xavier Legardeur de Repentigny et le marchand. Legardeur détient un billet de logement lui permettant d’être hébergé par Jacquin dit Philibert, mais ce dernier voit les choses autrement et suscite la colère de Legardeur. Le contexte de cet incident nous ramène à une période où le ministère de la Marine assure la défense de la colonie par ses propres troupes et fait appel aux habitants pour loger les soldats. L’événement précède la construction des nouvelles casernes qui voient le jour à compter de 1749.

 

Peu à peu, le lien en vient à s’établir entre l’assassinat de Jacquin en 1748 et la plaque du Chien d’Or, qui porte pourtant la date de 1736. Cette dernière donne à entendre, du moins au premier abord, que la famille du marchand veut retrouver et punir le coupable. Toutefois, une plaque semblable – chien et inscription – datant de 1561, apposée à Pézenas, ville située non loin de Montpellier, jette une nouvelle lumière sur toute cette affaire. En fait, la plaque que les visiteurs peuvent voir dans le Vieux-Québec, aurait été copiée sur celle de Pézenas et installée par le chirurgien Roussel sur sa résidence en souvenir de sa région natale. Détenteur de la maison par la suite, Jacquin aurait procédé à un agrandissement et c’est alors qu’il aurait ajouté lui-même la date de 1736 sur la plaque.

 

L’importance de la légende du Chien d’Or

La légende du Chien d’Or connaît de nombreuses versions de la part d’artistes, d’écrivains et d’historiens. Ces ouvrages témoignent de son importance pour les Québécois. La plaque fait partie de l’héritage reçu de la France. Elle a une valeur de repère dans le paysage urbain de Québec. Elle est inscrite au Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Le Chien d’Or est au parcours de guides touristiques du Vieux-Québec. Plus récemment, l’équipe de l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, un projet issu des travaux de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, a confié au conférencier le mandat de faire enquête sur cette légende et de livrer le résultat de ses recherches dans l’encyclopédie accessible en ligne.

 

 

  1. Voir, entre autres, les textes suivants :
    « Jacquin, dit Philibert, Nicolas » par Jean-Claude Dupont dans le Dictionnaire biographique du Canada accessible en ligne

    Le Chien d’Or
    , par William Kirby, traduit par Pamphile Le May, livre rendu accessible en ligne par le Projet Gutenberg Canada

    Le Répertoire des toponymes de la Ville de Québec
  2. Livre 1 de Ces villes et villages de France, …berceau de l’Amérique française (p. 191), collection de douze livres régionaux, réalisée par une centaine de membres de l’Association France-Québec, publiée sous la direction de Janine Giraud-Héraud et Gilbert Pilleul
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