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Commission de la mémoire franco-québécoise

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Molière

La clôture des activités commémoratives du 350e anniversaire de l'arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France : un colloque, tenu le 7 novembre 2015, qui connaît un franc succès

Par Gilles Durand

 

Commémorer en partenariat est une condition de succès : Denis Racine, coprésident de la CFQLMC
Commémorer en partenariat est une condition de succès : Denis Racine, coprésident de la CFQLMC
Crédit : CFQLMC – Gilles Durand

Le samedi 7 novembre 2015, dans l'auditorium de Bibliothèque et Archives nationales du Québec de l'édifice Gilles-Hocquart, se déroule un colloque clôturant les activités* entourant le 350e anniversaire de l'arrivée en 1665 du régiment de Carignan-Salières et des compagnies de Tracy en Nouvelle-France (désormais mentionné uniquement sous l'appellation de régiment de Carignan-Salières), au total quelque 1 300 militaires. L'événement est organisé par la Fédération Histoire Québec, sous la présidence de Richard M. Bégin, président de la Fédération Histoire Québec (FHQ), dans le cadre de ses activités automnales, en partenariat avec la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC) et le Château Ramezay – Musée et site historique de Montréal. Supporté par Bibliothèque et Archives nationales du Québec et le ministère de la Culture et des Communications, le colloque connaît un franc succès. Une participation nombreuse et un programme varié, faisant appel à des conférenciers experts dans leur discipline, en sont les facteurs clés.

La recherche en généalogie pour découvrir ses racines
La discipline généalogique est mise en valeur par Marcel Fournier, Jean-Pierre Chartier et Louis Richer (nous reviendrons sur ce dernier dans le cadre du paragraphe consacré aux traces matérielles ci-dessous). Nul surprise que Marcel Fournier, coauteur d'une publication à caractère historique et biographique des officiers du régiment, mariés en Nouvelle-France ou avant leur venue au pays, de même qu'un fin connaisseur des bases de données, donne le coup d'envoi. Jean-Pierre Chartier lui succède en après-midi pour rappeler la commémoration récente, en 2013, du 350e anniversaire de l'arrivée des filles du roy en Nouvelle-France en 1663, dont quelque 170 d'entre elles marient un militaire du régiment. Au total, deux conférences constituant une source d'inspiration pour entreprendre des recherches sur ses ancêtres et peut-être, en bout de piste, découvrir l'un d'eux parmi les militaires ou les filles du Roy.

L'histoire pour compenser les failles d'une mémoire sélective ou oublieuse
Louis Gagnon, Denys Delâge, Alain Laberge et Gilles Tremblay prennent la parole pour nous rappeler que tout n'a pas été dit et écrit sur le régiment de Carignan-Salières. L'arrivée du régiment en Nouvelle-France en 1665 a des répercussions importantes sur le développement de la Nouvelle-France, tant pour l'établissement d'un climat de paix dans la colonie que pour son peuplement, plus de 400 militaires prenant racine dans la colonie et, pour plusieurs, donnant naissance à une descendance nombreuse. Malgré tout, Louis Gagnon nous met en garde contre l'idée d'un grand intérêt de Louis XIV pour sa colonie, celui-ci utilisant prioritairement ses ressources pour guerroyer sur le continent européen. Denys Delâge, quant à lui, ne met pas les traités de paix de 1666 et de 1667 uniquement au crédit des militaires de Carignan-Salières, ceux-ci ne parvenant en définitive qu'à brûler quatre village agniers. Il rappelle que la paix s'explique aussi par un nouvel équilibre des forces entre les Iroquois, alliés des Hollandais, et des nations amérindiennes du nord, alliées des Français, les premiers étant affaiblis par la variole. D'ailleurs, dit-il, les guerres entre les Amérindiens se poursuivent jusqu'à la Grande Paix de 1701. De son côté, Alain Laberge revoit le portrait idyllique de l'officier du régiment qui se métamorphose en seigneur à la suite du démembrement du régiment en 1668. Des officiers demeurent au pays, mais pour plusieurs par désir de poursuivre une carrière militaire en Nouvelle-France et de faire le commerce des fourrures, comme le démontrent ses recherches. Mais, conclue-t-il, pouvons leur reprocher de faire ce commerce, lorsque l'on sait que la fourrure est le principal moyen de se procurer un peu d'argent compte tenu de la faiblesse des marchés? Voilà une bonne question, mais qui n'enlève rien de la bravoure et de l'endurance des militaires du régiment, si la durée et les difficultés de la traversée sont considérées. Par sa conférence abondamment illustrée sur les conditions de la navigation, Gilles Tremblay le démontre avec éloquence.

Des traces matérielles pour mieux se souvenir du régiment de Carignan-Salières
Le souvenir du régiment ne peut-être dissocié de repères sur le terrain et d'autres preuves tangibles, pas plus qu'il ne peut être séparé de la généalogie et de l'histoire. Réal Fortin entretient l'auditoire de recherches faites sur le terrain qui permettent de découvrir plusieurs vestiges des forts construits le long du Richelieu par des militaires de Carignan-Salières en vue de leur campagne contre les Iroquois, de quoi mettre en appétit aujourd'hui une clientèle intéressée par le tourisme de mémoire. Louis Richer prend la parole par la suite pour faire revivre une activité commémorative concertée, couvrant les trois grands établissements de la vallée du Saint-Laurent d'alors, sous la présidence de la CFQLMC et du Château Ramezay. Au cours de l'été 2015, les sociétés de généalogie de Montréal, Trois-Rivières et Québec se concertent pour remettre des certificats généalogiques à quelque cent descendants en ligne directe patrilinéaire des militaires du régiment de Carignan-Salières. Dans le cadre de ce colloque, l'occasion est bien choisie de remettre un tel certificat à Pierre Karl Péladeau, dont l'ancêtre Jean Péladeau dit Saint-Jean, charpentier, compte parmi les soldats du régiment.


Un grand honneur d'avoir un ancêtre dans le régiment : de g. à d. Michel Pratt, secrétaire exécutif de la FHQ, Gisèle Monarque, administratrice de la Société généalogique canadienne-française (SGCF), Pierre Karl Péladeau, chef du Parti québécois, Hélène Lamarche, rédactrice en chef de la revue Mémoires, Richard Masson, président de la SGCF

Un grand honneur d'avoir un ancêtre dans le régiment : de g. à d. Michel Pratt, secrétaire exécutif de la FHQ, Gisèle Monarque, administratrice de la Société généalogique canadienne-française (SGCF), Pierre Karl Péladeau, chef du Parti québécois, Micheline Perreault, chargée de mission de la SGCF, Richard Masson, président de la SGCF
Crédit : CFQLMC – Gilles Durand


Des publications pour pérenniser les retombées du colloque
La Fédération Histoire Québec par la voix de son président, Richard M. Bégin, et de sa directrice générale, MariFrance Charette, est fière de signaler à l'auditoire deux publications de sa maison d'édition, consacrées en tout ou en partie au régiment :
Le régiment de Carignan-Salières. Les premières troupes françaises de la Nouvelle-France 1665-1668 par Marcel Fournier et Michel Langlois, Éditions Histoire Québec, 2014, 127 p.

Revue Histoire Québec, vol. 21, no 2, 2015 : le numéro renferme des textes de quatre des conférenciers, Marcel Fournier, Gilles Tremblay, Louis Richer et Réal Fortin, rattachés au sujet qu'ils ont traité lors du colloque.

*L'exposition sur le régiment de Carignan-Salières, présentée actuellement au Château Ramezay, se poursuit jusqu'au 10 octobre 2016.

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