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vendredi 29 mars 2024

Commission de la mémoire franco-québécoise

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Molière

Deux publications d'un grand intérêt : Retour sur les États généraux du Canada français : Continuités et ruptures d'un projet national (2016, 428 p.), l'Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française accessible sur Internet

Par Gilles Durand

Retour sur les États généraux du Canada français : Continuités et ruptures d'un projet national.La présente publication Retour sur les États généraux du Canada français, c'est l'histoire de la restructuration de l'ancien Canada français, caractérisé par une langue, un territoire aussi grand que son nom l'indique, une histoire, une culture, bref par l'héritage apporté par Champlain et enrichi par ses descendants en terre d'Amérique. La question des frontières de la langue et de la culture françaises fait l'objet des discussions des participants aux États généraux tenus à Montréal en 1967 (plus précisément entre 1966 et 1969) avec la collaboration de la Ligue d'action nationale et de la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec. L'ouvrage, comprenant treize chapitres précédés d'une introduction, fait appel à 15 spécialistes du droit, de l'histoire et des sciences sociales. Il retrace les grandes lignes de l'événement, sa genèse, son déroulement et son influence sur le projet déjà mis de l'avant par des penseurs influents, tels Henri Bourassa et Lionel Groulx, pour leurs compatriotes canadiens-français.

Les chapitres 1 et 2 constituent une mise en contexte et en perspective, le premier préparé par le président des États généraux d'alors, le professeur de droit Jacques-Yvan Morin, le second par le sociologue Joseph Yvon Thériault. L'événement est fortement influencé par la découverte par les Québécois, à compter des années 1960, de l'importance du rôle de l'État pour leur l'épanouissement. Jusqu'alors, l'Église avait assumé non seulement une mission religieuse, mais aussi la charge de l'éducation, de la santé et des services sociaux. Désormais, l'État québécois entend exercer pleinement sur son territoire l'ensemble de ses responsabilités, réclamant même une compétence internationale dans les domaines de sa juridiction jusqu'au droit à l'autodétermination des Canadiens français. Les résolutions que les délégués québécois présentent lors des États, l'expriment clairement, mais elles ne font pas l'unanimité parmi les participants représentant les communautés francophones de l'extérieur du Québec. Le meilleur appui du Québec est celui de l'Acadie.

Les chapitres 3 (Serge Miville), 4 (Julien Massicotte) et 5 (François-Olivier Dorais) se penchent sur la réception des États généraux par les composantes de l'ancien Canada français. Le nationalisme des Québécois ne passe pas. Se sentant abandonnées, les minorités francophones réagissent en prenant en main leur destinée. Elles se tournent vers leur province respective et vers l'État fédéral pour assurer leur épanouissement et l'exercice de leurs droits linguistiques, tout en ne rejetant pas en bloc la dimension culturelle de l'ancien Canada français. La langue, l'histoire, la culture partagée avec l'ancienne mère patrie, la France, constituent toujours cependant une référence valable. L'Acadie du Nouveau-Brunswick l'illustre bien.

Les chapitres 6 (Marc-André Gagnon), 7 (Michel Bock) et 8 (Mark Power, Marc-André Roy et Mathieu Stanton) jettent un regard sur la francophonie canadienne à l'extérieur du Québec, en prenant comme point de repère l'Ontario français et la politique canadienne. Les événements entourant la célébration de la Fête nationale nuancent la thèse de la rupture entre communautés francophones, l'ancienne référence canadienne-française conservant toujours une certaine attraction, mais des changements s'opèrent. Le néonationalisme franco-ontarien se tourne vers le Canada. L'Association canadienne française de l'Ontario devient en 1998 l'Association des communautés francophones de l'Ontario. Désormais les Franco-Ontariens peuvent compter sur l'État fédéral et sa législation, la Loi sur les langues officielles de 1969, la Charte canadienne des droits et libertés de 1982, pour la protection de leurs droits linguistiques.

Les chapitres 9 (Anne-Andrée Denault), 10 (Jean-François Laniel) et 11 (Charles-Philippe Courtois) abordent les relations entre les Québécois et les francophones hors Québec. Quelques idées majeures se dégagent. Les minorités canadiennes (entendons françaises) n'entendent plus se définir par rapport au Québec. Le changement de nom de la Fédération des francophones hors Québec en Fédération des communautés francophones et acadienne est révélateur. Par ailleurs, les relations que le Québec entretient avec les francophones n'ont jamais été rompues pour autant. Depuis 2008, elles se poursuivent, par le biais du Centre de la francophonie des Amériques, entré en opération en 2008, sur de nouvelles bases, la langue française et son utilisation à l'échelle du continent. Par là, le Centre prend en considération à la fois les francophones et les francophiles et évite les confrontations avec l'État fédéral canadien qui a juridiction sur les minorités canadiennes « provincialisées ». De plus, une invitation est lancée à resserrer davantage les liens entre les communautés francophones du continent par des rencontres à l'image des grands congrès passés de la langue française (1912, 1937, 1952). Les échanges pourraient prendre en considération non seulement la langue, mais aussi l'histoire, l'héritage, la culture, bref les caractères identitaires qu'elle véhicule.

Les deux derniers chapitres 12 (Éric Bédard) et 13 (Marcel Martel) ajoutent deux notes de recherche qui se rattachent à des sujets particuliers reliés aux États généraux, le 12e traitant de la vision des minorités canadiennes par René Lévesque avant sa prise du pouvoir en 1976, le 13e consacré à la crainte manifestée par l'État canadien et la Gendarmerie royale du Canada à l'égard des États généraux.

L'Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française


Séparer langue et culture dans l'étude du nationalisme québécois n'est pas possible. Les 13 études de la publication présentée ci-dessus y font toutes référence. C'est aussi une nécessité que le délégué général du Québec à Paris d'alors, également fondateur de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, Marcel Masse, avait bien comprise en mettant sur pied en 2004, un projet d'Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française.

Que doit-on entendre par culture commune des communautés francophones d'Amérique, composées pour beaucoup des descendants de Champlain arrivés sur le continent à compter du début du 17e siècle? C'est bien là la question à laquelle tente de réponde l'Encyclopédie en nous entretenant de paysages, édifices, objets, personnages, événements, façons de faire, etc. L'Encyclopédie représente plus de huit ans de travail, placé respectivement sous la direction et la codirection de Laurier Turgeon, professeur à l'Université Laval, et d'Yves Bergeron, professeur à l'Université du Québec à Montréal, et sous la coordination de Martin Fournier, historien et écrivain. Hébergé à l'heure actuelle par l'Université Laval, l'ouvrage est accessible en ligne. Il assure également une présence sur Facebook. Pour une présentation générale du projet et un bilan, consulter également le bulletin Mémoires vives, no 36, juin 2013, de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs.

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