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vendredi 19 avril 2024

Commission de la mémoire franco-québécoise

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Molière

Le no 122, été 2015, de la revue d'histoire du Québec Cap-aux-Diamants enrichit le programme de commémoration du 350e anniversaire de l'arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France

Par Gilles Durand


Lancement du no 122 de la revue Cap-aux-Diamants le 21 juin 2015 au Musée du Château Ramezay – Accompagnés de soldats de Carignan-Salières, de g.à d., André Delisle, directeur du Musée du Château Ramezay; Darren Bonaparte, conférencier; Yves Beauregard, directeur de la revue Cap-aux-Diamants; Jean-François Lozier, conférencier; Marcel Fournier de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs.
Crédit : Cap-aux-Diamants


Le no 122, été 2015, de la revue d'histoire du Québec Cap-aux-Diamants, dont le directeur est Yves Beauregard, également partenaire de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs (CFQLMC), apporte une contribution importante et significative à la commémoration du 350e anniversaire de l'arrivée du régiment de Carignan-Salières en Nouvelle-France, en 1665. Il s'agit, en fait de deux régiments, celui-ci et les compagnies du marquis de Tracy, mais que la mémoire a réunis en une seule entité sous la première dénomination. Huit textes préparés par des auteurs chevronnés lèvent le voile sur différents volets de l'histoire de ce régiment.


Mémoire du régiment
Les trois premiers écrits donnent une vue d'ensemble sur les troupes et leur contexte. Michel Langlois, généalogiste et historien, présente les neuf zones d'une exposition « Mission : bâtir un pays », présentée au Musée du Château Ramezay, qui retrace les grands jalons du parcours du régiment : départ outre-frontière, traversée, construction de forts et campagnes militaires, enracinement dans la vallée du Saint-Laurent ou retour dans la mère patrie à compter de 1668. Marcel Fournier, généalogiste et historien, s'arrête plus particulièrement sur l'importance quantitative du régiment, en fait des deux régiments, qui forment le tiers de la population résidente de la Nouvelle-France à l'époque. De son côté, Michel De Waele, historien et professeur, replace l'envoi des troupes dans le contexte du premier empire colonial français, sous le règne de Louis XIV.

Cinq autres textes prennent la relève pour traiter d'aspects plus spécifiques au régiment. David Ledoyen, spécialisé dans la reproduction d'équipements militaires du Régime français, met en montre les armes, hardes et outils à la disposition des soldats. Céline Mélisson, historienne et professeure, suit le parcours d'un cas particulier, celui de Philippe Gaultier de Comporté : de soldat et lieutenant, celui-ci se hisse au rang de seigneur et dans des postes importants de l'administration coloniale, tels prévôt de la maréchaussée et commissaire de la marine par intérim. Pierre Cloutier et Maggy Bernier, archéologues, livrent les secrets de leurs fouilles : ils laissent parler les vestiges retrouvés des forts construits le long du Richelieu, depuis Sorel jusqu'au lac Champlain. Jean-François Lozier, historien et conservateur, quant à lui, met en garde contre l'image de l'Amérindien, incapable de ponctualité et ivrogne, qui se dégage du discours officiel : ne serait-ce pas plutôt un alibi employé par les commandants français d'expéditions pour se disculper de l'insuccès de leurs offensives contre les Iroquois, telle celle de l'hiver 1666 qui rate sa cible. Le même auteur fait ressortir également un résultat positif moins connu de la 2e expédition de l'automne 1666 menée en territoire ennemi : le traité de paix conclu entre les Cinq-Nations, les Français et leurs alliés en 1667 amène la paix dans la vallée du Saint-Laurent, mais aussi une présence accrue des Amérindiens. Le dernier, le texte préparé par Jacques Mathieu, historien et professeur, regroupe l'ensemble des écrits de la revue sous le chapeau d'une mémoire multiforme : dans les patronymes actuels des descendants de soldats et d'officiers du régiment, dans les toponymes dénommant des localités, des rues, et bien d'autres mémoires, fondatrice, familiale, nationale, etc.

D'autres rubriques
Consacré en grande partie au régiment de Carignan-Salières, le no 122 n'en laisse pas moins place à d'autres rubriques : comptes rendus de lecture, éléments du patrimoine culturel, tel le monument de la Foi (1916), la veillée de danse (patrimoine immatériel), la médaille du 2e Congrès de la langue française en 1937, etc. À propos de cette dernière, il faut souligner le travail du coprésident de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs, Denis Racine : celui-ci nous livre une analyse et une description très révélatrice de l'époque à laquelle la médaille appartient. L'avers, portant la devise du congrès « Conservons notre héritage français », témoigne bien du nationalisme caractéristique de l'époque, un nationalisme aux accents conservateurs par opposition à celui débutant aux années 1950, qui s'inscrit à l'enseigne de la modernisation du Québec.

Le no 122, une source d'inspiration pour dresser son arbre généalogique
Plusieurs des officiers et des soldats du régiment de Carignan-Salières et des compagnies de Tracy sont demeurés au Québec, pris terre et épouse et laissé une descendance nombreuse à l'origine de familles souches. Pour peu qu'est connue la lignée de ses ancêtres, il devient possible pour les Québécois de savoir s'ils peuvent se rattacher à l'un ou l'autre de ces militaires. Marcel Fournier a en effet préparé avec Michel Langlois un ouvrage Le régiment de Carignan-Salières. Les premières troupes françaises de la Nouvelle-France 1665-1668, renfermant l'histoire du régiment et des notices biographiques de 285 officiers et soldats qui se sont enracinés dans la vallée du Saint-Laurent. Voilà une incitation à entreprendre sa généalogie dès maintenant, si ce n'est déjà fait, pour s'enquérir…

champlain vague