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vendredi 29 mars 2024

Commission de la mémoire franco-québécoise

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Molière

memoires vives

La production et la consommation du vin
Deux coups d’œil complémentaires

 

par Gilles Durand


Les boissons en Nouvelle-France : conférence par Catherine Ferland

Bacchus en Canada
Crédit : Les éditions
du Septentrion

Les amateurs de bière et d’eau-de-vie ont-ils raison de penser que leurs ancêtres partageaient leur goût aux 16e et 17e siècles. La conférence prononcée le 16 février 2011 par l’historienne et professeure Catherine Ferland devant les membres de la Société de généalogie de Québec apporte réponse à leur question. Une observation de la chaîne de consommation des boissons en Nouvelle-France, depuis leur production et leur importation de la mère patrie et d’ailleurs jusqu’à leur distribution, montre que le vin est la boisson préférée de tous les coloniaux. Les élites comme les plus humbles partagent les mêmes préférences, mais, par contre la monnaie dont ils disposent pour se le procurer n’est pas la même pour tous. Le vin est plus dispendieux de ce côté-ci de l’Atlantique, car la vigne française s’acclimate mal aux conditions climatiques de la vallée du Saint-Laurent. De plus, le prix subit régulièrement les contrecoups des périodes de guerre entre les métropoles rivales, la France et l’Angleterre, mettant des obstacles à la venue des bateaux français au port de Québec. « Nécessité oblige1 », le peuple doit donc se contenter de boissons fermentées, telle la bière dont la production est plus facile que celle du vin en Nouvelle-France. Il consomme aussi de l’eau-de-vie produite tant en Europe que dans la colonie de même que la guildive, produite à partir du sucre de canne, importée des Antilles. De leur côté, marins et soldats optent plutôt pour l’eau-de-vie, quand ils ne sont pas obligés de s’en contenter en vertu de leur ration quotidienne. Malgré tout, le vin n’en continue pas moins à jouir de prestige auprès de toutes les couches sociales aux 17e et 18e siècles.

Les lecteurs désireux d’en savoir davantage sur la traversée et l’aventure du vin en Nouvelle-France sont invités à parcourir l’ouvrage de la conférencière : Bacchus en Canada : boissons, buveurs et ivresses en Nouvelle-France, Québec, Septentrion, 2010, 196 p. La critique reconnaît la publication comme une contribution marquante, originale et novatrice (couverture de l’ouvrage, Laurier Turgeon, directeur de l’Institut du patrimoine culturel, Université Laval).


Une exposition incontournable pour les amateurs de vin et d’histoire :
À ta santé César! Le vin chez les Gaulois


À ta santé César! Le vin chez le gaulois
Crédit : Pointe-à-Callière, musée d’archéologie
et d’histoire de Montréal

L’exposition, une initiative de Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, en partenariat avec les musées du Département du Rhône et 25 institutions muséales françaises, canadiennes et américaines, est présentée en exclusivité à Montréal du 18 mai au 16 octobre 2011. En brossant le tableau de l’origine et des grandes étapes de la production et de l’itinéraire d’une boisson qui nous accompagne dans les grands comme dans les petits moments de la vie, elle est à la fois source d’information et de découverte. Les visiteurs qui placent la France à l’origine de la production du vin verront qu’ils n’ont pas tout à fait tort, ni tout à fait raison. En fait le vin voit le jour en Arménie il y a 5 400 ans avant notre ère pour transiter par la Grèce jusqu’en Italie. C’est là que les Gaulois, les ancêtres des Français, vont s’approvisionner jusqu’à la conquête de la Gaule par César. À compter de ce moment, les Gaulois prennent leur revanche : ils font l’apprentissage des méthodes du conquérant, cultivent le vin en abondance et deviennent maître dans la production. Bientôt le vin français acquiert une renommée et se gagne une clientèle à travers l’Europe. Nulle surprise que les premiers Français en terre d’Amérique en mettent quelques bouteilles dans leurs bagages et qu’ils en importent lorsque leur bourse et la tranquillité des puissances rivales permettent la traversée de l’Atlantique.

L’exposition se révèle incontournable par la qualité de présentation de même que par la grande rareté et l’ancienneté des quelque 200 artéfacts présentés, gobelet, gourde, jarre de fermentation, amphore servant au transport, même la maquette de l’épave d’un navire trouvé au large de Marseille, transportant des amphores vers la Gaule. Une attention particulière à dessiner la passionnante route des vins sur des panneaux et à présenter des mises en contexte rehausse la valeur des pièces présentées, quand elle n’invite pas à une dégustation.


Sources :

  1. Catherine Ferland, Bacchus en Canada, p. 308
champlain vague